« Lettre ouverte aux candidats » Engagez vous ! Prenez en compte le "Pacte Citoyen pour moins de pauvreté et plus de démocratie " dans votre programme ou votre profession de foi ! Le processus démocratique est une réalité au Cameroun depuis 1990. Il est effectif depuis la promulgation de la loi sur les libertés d’associations et les partis politiques. En 1996, une révision de la constitution a opté pour une plus grande autonomie des territoires locaux et l’affermissement de la démocratie. Seulement, cette marche vers la PARTICIPATION CITOYENNE connaît de graves difficultés dues à la faible culture démocratique qui caractérise la plupart des acteurs, la non préparation des élus ainsi que des techniciens à une GESTION PARTICIPATIVE de L’ACTION PUBLIQUE et aux VALEURS DE LA DEMOCRATIE. C’est ce qui explique les nombreux débordements observés pendant la première période d’ouverture (1990/1993), débordements qui ont d’abord mis entre parenthèse la sécurité des personnes et des biens, l’assurance d’une paix durable. Au lendemain des périodes électorales de 1992, 1996, 1997 et 2004, 2007, l’on a observé un mouvement plutôt contraire. Les enthousiasmes de la première période d’ouverture démocratique ont globalement cédé la place au découragement et à la résignation, surtout dans les rangs des populations marginalisées des zones urbaines et rurales. Les raisons de cette désaffection sont nombreuses et dépendent soit du rejet des lois jugées partiales ou inappropriées à l’expression juste des opinions et des votes, soit de l’ignorance des opportunités qu’offrent les lois et textes réglementaires en vigueur, soit de la non maîtrise des mécanismes de gestion et de suivi/évaluation des politiques publiques en vigueur, soit de l’inexistence des cadres (informels ou formels) de débat, de proposition, de formation continue et d’intégration dans les espaces publics de prise de parole et de décision, etc. D’autre part, les municipales de 2002 et 2007 ont donné l’occasion d’investiture à la tête de plusieurs communautés locales camerounaises de conseillers, fonctionnaires cumulards de pouvoirs insuffisamment prêts pour assumer le rôle de levier de la démocratie et du développement local qui leur revient. Ainsi, à la veille des prochaines consultations électorales, rares sont les communautés où un contact permanent s’est établi entre les autorités locales et leurs populations, dans un souci de construction collective, d’évaluation des besoins, des stratégies, des réalisations et des acquis. Dans quelques cas plutôt, le phénomène de l’exclusion et de confiscation de la parole s’est renforcé jusqu’à l’exclusion des conseillers municipaux eux-mêmes. Le profond fossé entre les populations et les élites politiques s’est exprimé d’une façon dramatique, faisant de la politique et de la vie civique locale et nationale une affaire de la minorité autoproclamée « élite ». Or nous ne pouvons plus accepter que les élus du peuple considèrent comme l’Abbé Sieyes en 1791 que : « Les citoyens nomment des représentants bien plus capables qu’eux-mêmes de connaître l’intérêt général, et d’interpréter à cet égard leur propre volonté ». L’indifférence vis à vis des consultations et des processus électoraux, l’éloignement de plus en plus patent de la plupart des élus de la population, la méfiance de cette dernière à leur endroit,... sont déjà des phénomènes inquiétants pour la démocratie. Conscient de cette réalité, le chantier Droits de l’Homme et gouvernance du Réseau National des habitants du Cameroun (RNHC), le Réseau Démocratiser Radicalement la Démocratie (DRD Cameroun), la Coalition Citoyenne pour le changement (3C), la Plateforme des Organisations de la Société Civile pour les Droits Economiques, Sociaux et Culturels au Cameroun (Plateforme DESCam), l’Alliance Camerounaise du Budget Participatif et de la Finance Locale, (ACBP-FL), l’ONCPE (Observatoire National Citoyen des Promesses Electorales) qui tirent des enseignements de l’expérience de Budget Participatif de Porto Alegre, une expérience fondée sur un modèle de dialogue et de concertation permanente citoyens/élus/professionnels, de l’élaboration à la gestion et au suivi des politiques publiques), se sentent interpeller et veulent participer à la proposition d’alternatives. Cela nous paraît possible à l’occasion du renouvellement du Président de la République, des Conseils Municipaux et de l’Assemblée Nationale. Pour les auteurs de cette lettre, le principal mandat de l’élu politique est de rendre la parole aux citoyens, de leur permettre tout au long de son mandat de débattre et d’élaborer les politiques publiques avec les élus, les opérateurs du marché. Il nous faut répondre aux cris des exclus qui, chez certains, s’expriment par un silence complice, chez d’autres par le refus du jeu et du débat citoyens. Le Président de la République, les Conseillers Municipaux et les Députés ne peuvent pas venir briguer le suffrage des électeurs tous les cinq ans, en leur promettant monts et merveilles, puis en les laissant seuls dans leur vie quotidienne affronter l’exclusion produite par les lois du marché, tandis que, eux, aux bureaux et au palais, gèrent seuls et légifèrent. Une autre manière de faire qui permet aux citoyens de débattre collectivement et de décider avec l’élu est possible. Nous l’avons vue. Elle est en œuvre depuis 2004 dans plusieurs pays et collectivités locales du Sud, sur le modèle de l’expérience du Brésil, des Philippines. Au Cameroun comme dans vos circonscriptions électorales, les formes que peut prendre cette nouvelle manière d’exercer son mandat d’élu sont à réfléchir avec les candidats (e) s, les partis politiques dès maintenant, et les membres de la 3C veulent bien participer à cette recherche. Ce qui nous paraît capital, c’est la volonté du futur Président et des futurs élus de construire tout au long de leur mandat, les lois, les politiques publiques, les budgets communaux, le budget du pays, des institutions...« avec les citoyens et non seulement « pour » eux. » Cela nous paraît le seul moyen de rester fidèle au mandat des électeurs, de répondre à leurs attentes, de commencer à mettre en place une autre répartition des richesses, un autre développement social, de faire que la citoyenneté soit un réel enjeu pour tous et toutes. Il ne suffit pas de nouer les alliances pour sauver tel ou tel poste de Président, de Député ou de Conseiller. Il s’agit de redonner du sens aux métiers de Président, de Conseiller et de Député, ACTEURS DE LA TRANSFORMATION SOCIALE, DU DEVELOPPEMENT SOCIAL et LOCAL, DE LA DEMOCRATIE LOCALE, DE REPRESENTANT DU PEUPLE OU LEGISLATEUR. Il s’agit de choisir des représentants qui s’engagent à rompre délibérément avec les méthodes d’antan qui ont fait le nid de la pauvreté, de la misère et de la corruption. Les lois et les politiques (nous sommes un des pays d’Afrique qui en compte le plus) sont ignorées des citoyens (pourtant nul n’est sensé ignorer la loi ! ! !). Parfois, elles sont porteuses de normes pour le progrès du pays et le bien être des citoyens, parfois, elles sont porteuses de régression ou même représentent des atteintes aux libertés. Il faut les construire avec les citoyens. Candidat (e) s aux élections présidentielle, municipale et législative, partis politiques, Êtes- vous prêt (e) s à prendre en compte le Pacte Citoyen pour moins de pauvreté et plus de démocratie dans vos professions de foi ? Etes-vous prêt (e) s à prendre l’engagement d’organiser le débat préalable sur les projets de Politiques Publiques, les Lois et les Budgets dans vos circonscriptions et de rendre compte régulièrement de vos actions et de vos votes à l’Assemblée Nationale, dans le cadre des assemblées citoyennes et civiques, organisées par la société civile, ouvertes à tous à différents niveaux du territoire dans vos circonscriptions, si vous êtes élu (e) s ? Certes l’adoption finale d’une POLITIQUE, le vote final du BUDGET ou des LOIS appartient aux Elus, mais en augmentant l’intérêt du citoyen aux décisions prises, les Politiques, les Budgets et les Lois émaneraient plus directement de la volonté de la population. Ainsi peut-être également, certaines politiques, lois sans intérêt collectif et/ou inappropriées et inadaptées ne passeraient pas. La corruption diminuerait ! Ainsi et aussi, le décalage entre les citoyens et la politique, la perte des repères, des règles et lois de la société qui engendrent les incivilités et les indifférences, seraient atténués. Au-delà de cet engagement minimum, n’est-il pas temps d’introduire dans une législation des règles claires de réel contrôle du parlement sur l’exécutif, une articulation de la démocratie directe participative à laquelle aspirent les citoyens dans leur immense majorité et de la démocratie représentative, des règles strictes « d’accountability » qui pourront garantir l’efficacité de la fonction représentative et un véritable contrôle citoyen de l’action publique... A la 3C, la conviction est qu’il faut oser faire appel à la démocratie directe participative, oser la mobilisation de la population, la construction du dialogue multi-acteurs tri-articulé pour construire une société plus juste, plus vivante, plus active, plus dynamique et plus démocratique et moins pauvre. Êtes-vous prêt (e) s à faire en sorte que le Président de la République, les Conseils Municipaux et les Députés de l’Assemblée Nationale qui seront renouvelés au terme des prochaines élections présidentielles, municipales et législatives de 2011, 2012 s’investissent des rôles de MOTEUR DE L’ALTERNANCE, D’AGENT DE DEVELOPPEMENT LOCAL et D’ASSEMBLEE CONSTITUANTE DU PEUPLE qui organisent L’ARTICULATION ENTRE DEMOCRATIE REPRESENTATIVE ET DEMOCRATIE DIRECTE PARTICIPATIVE, condition réelle pour l’application effective des règles et des principes de la gouvernance fondée sur le CONTROLE de la POPULATION sur ses ELUS et sur le GOUVERNEMENT... ? Si vous êtes prêts, alors nous vous invitons à venir discuter avec nous et à prendre en compte le pacte citoyen pour moins de pauvreté et plus de démocratie dans votre profession de foi (le calendrier sera établi et rendu public selon les cas), Signée Les Réseaux et Plateforme membres de la 3C Yaoundé, septembre 2011 |